« Si je me sens constamment concerné(e) par ce que vit mon (ma) partenaire, je ne peux jamais lâcher prise ».
La sexualité et l’affect ont une place prépondérante dans le « suicide ». Le mot « suicide » vient du latin sui « soi » et cidium « acte de tuer ». Il s’agit de l’acte délibéré de mettre fin à sa propre vie. Hors, l’extase sexuelle n’est-elle pas considérée comme une « petite mort » ?
Winnicott relève le fait qu’il arrive que des enfants, ou des adolescents, utilisent une autre personne (ou un animal) transitionnelle pour le « détruire » en espérant qu’il survive. La question qu’ils se posent est : « jusqu’où puis-je aller sans le détruire ? »
La sexualité peut être le lieu où cela se passe.
Et la vraie question est « jusqu’où puis-je m’abandonner à l’autre sans me perdre moi-même ? »
« Si je me sens tout le temps concerné par ce que vit mon partenaire, je ne peux pas le lâcher, je ne peux pas me lâcher et vivre mon propre cycle sexuel. L’acte sexuel est de loin celui qui demande le plus absolu abandon de soi ».
Il est important de pouvoir être seul en présence de l’autre. Parfois, le patient part tout seul dans son analyse, mais il a besoin que le thérapeute soit là, comme témoin. Pouvoir « lâcher prise », et « partir seul » pendant une interaction avec quelqu’un d’autre, relève de l’autonomie de la personne.
Cela implique la confiance en soi, la confiance en l’autre, et c’est tout cela qui structure la personnalité de chacun de nous.
Cette structure se construit au fil des expériences de la vie, à travers les expériences avec les autres, sur les plans affectifs, émotionnels, sociaux et sexuels.
Qui peut consulter ?
Lorsque deux personnes choisissent de faire une thérapie de couple, il est important de consulter à deux, en couple, dans la mesure du possible avec un couple de thérapeutes.
Il est préférable de faire cela lorsque vous n’êtes pas en situation de conflit, car dans ce cas, votre démarche pourrait être inconsciemment une manière de demander au thérapeute de « jouer les arbitres », d’être un témoin, ou encore de vous « donner son autorisation » pour vous séparer.
Une thérapie de couple est vraiment efficace lorsque les personnes sont en questionnement sur des choix importants, des difficultés de projets d’avenir, des aspirations différentes, des difficultés pour l’un de s’accorder avec l’autre.. L’idée est de faire le point sur le mode de fonctionnement du couple, pour comprendre ses mécanismes et éviter de répéter toujours les mêmes schémas.
Si vous n’êtes pas en couple, mais que vous sortez d’une rupture, vous pouvez intégrer un groupe de travail comportant des personnes célibataires ou en couple mais qui font ce travail seul. Un tel travail en séances individuelles peut se faire, mais cela demandera beaucoup plus de temps et l’utilisation d’outils différents par le praticien thérapeute.
Le travail thérapeutique peut se faire en 6 séances d’une heure et demie chacune. Lorsqu’il est question de séparation décidée par l’un du couple, l’issue de la consultation n’aboutit pas forcément à la réconciliation, mais permet à l’autre de ne pas avoir le sentiment de « subir » la décision qui lui est imposée. Ceci est très important pour permettre à chacun de rebondir dans une nouvelle vie, sans culpabilité ni frustration, et de ne pas craindre de répéter, avec un autre partenaire, les mêmes expériences, vécues comme des échecs.
Coupure de la communication : comment décrypter les schémas sous-jacents ?
L’art-thérapie permet d’aller à l’essentiel sans passer par le mental, le verbal ou l’intellectuel.
Les sentiments et les émotions peuvent être exprimés à travers des outils simples et des objets clairement expressifs.
Un travail sur le masque va permettre de révéler les problèmes sous-jacents à la coupure de la communication dans le couple.
Le masque correspond aux réactions visibles qui ont pour but de masquer les états protégés propres à la personne. Le masque à la fois renforce les protections et permet de les mettre à jour par le biais du travail art-thérapeutique.
Par exemple, une femme qui verbalise qu’elle est forte va, en réalité, cacher par ce biais le fait qu’elle manque d’affection. Un homme qui dit ne pas comprendre les critiques de sa partenaire peut, en arrière-fond, souffrir de ne pas être aimé pour ce qu’il est…
Chacun se construit à partir de ses propres états protégés et cela produit son propre masque. Au bout d’un moment, le masque du partenaire contribue à renforcer les propres états protégés de l’autre, ce qui peut aboutir à ce que l’on appelle « le 8 d’interaction », ce huit infini qui nous met dans la situation du serpent qui se mord la queue.
Il s’agit donc de « démasquer » cette communication qui se réalise à un niveau inférieur, beaucoup plus profond que ce que le masque peut laisser paraître. Cette protection se met en place surtout dans les couples qui ont beaucoup à perdre.
En pratique :
Le travail sur les masques va se dérouler en plusieurs séances, en groupes mixtes mais pas forcément en couple (chaque partenaire peut intégrer un groupe différent, ou seul l’un des deux peut faire le stage).
Les exercices seront basés dans un premier temps sur des approches non verbales avec l’autre, de présentations de soi et de représentations symboliques afin de mettre à jour les états protégés sous-jacents aux réactions visibles.
Une fois ces états protégés décelés par chacun des participants, lors d’un premier débriefing, nous entamons un second temps de travail thérapeutique concernant les interactions en oeuvre dans les couples de chacun des membres. Ce travail se fait par le biais de sculptures humaines, représentant les personnes une par une dans leur couple mythique et dans leur couple réel. L’écart entre les deux peut ainsi être relevé et compris par la personne. Aucune interprétation n’est faite par le groupe. Seul le ressenti de la personne qui présente « ses couples » est exprimé par elle.
Approfondissement en arts-analyse.
Lorsque les groupes sont inscrits dans un travail analytique de longue durée, je propose d’approfondir les mécanismes sous-jacents dans une mise en relief des processus conscients et inconscients en oeuvre en chacun de nous, afin de déceler comment ils interagissent entre eux dans nos relations de couple.
Il s’agit alors d’un réel travail psychanalytique, par le biais de nombreuses techniques art-thérapeutique : masques, mises en improvisation, écriture et interprétation scénique, danse, peinture… Elles peuvent se faire lors de stages en groupe ou en consultation de couple.
Après la première séquence concernant la persona, le masque identitaire, et la présentation du « moi » à « l’autre », la seconde séquence concernant le couple va permettre d’entrer en analyse de l’anima et de l’animus consciente, et inconsciente, pour chacun des membres du couple.
Ainsi, l’analyse de l’interaction de « moi à l’autre » va se faire à travers l’expression des 4 couples suivants : le couple parental, le couple idéal, et le couple réel qui compte pour deux car il est ensuite proposé à la transformation holistique, qui consiste à intégrer dans ce dernier couple tout ce qui est bon de garder des autres couples. Le conscient et l’inconscient sont ainsi réunis dans ce couple final.
Ce travail est beaucoup plus intéressant lorsqu’il est réalisé avec deux thérapeutes de sexes opposés. Les analyses transférentielles peuvent ainsi être approfondies de façon plus pertinente. Cela permet également d’éviter au thérapeute praticien de ne pas avoir à « porter plusieurs chapeaux », ce qui peut être non seulement épuisant pour lui, mais aussi rendre les séances moins efficaces et prêter à confusion pour les participants.
Pour aller plus loin:
Comment sortir de la dépendance affective ?
Psychanalyste, Musicothérapeute et Psycho-Somatothérapeute