Tout le monde peut avoir, un jour, envie de se suicider. Il suffit d’une seconde, d’une idée, d’un geste… quel que soit l’âge, quel que soit la raison…
En règle générale, plus la personne est jeune et sous l’effet du stress, plus le passage à l’acte est rapide et non réfléchit. Il faut savoir qu’en moyenne, entre 40 et 100 enfants de moins de 12 ans se suicident chaque année en France.
( source : http://www.lepoint.fr).
Lorsque cette pensée devient récurante, il est vraiment essentiel de se faire aider, de contacter un professionnel, quelqu’un qui sera vraiment à l’écoute et capable de comprendre la souffrance et la violence intérieure qui nous envahissent dans ces moment là..
Car il s’agit bien d’une forme de violence… rentrée, retournée contre soi, issue d’une tristesse profonde… une tristesse qu’on ne parvient pas à exprimer parce que personne n’y est pour rien… mais cela nous fait souffrir à un point qu’on ne le souhaiterait même pas à notre pire ennemi.
Et un sentiment d’être seul… si seul.
Le suicide devient l’unique échappatoire.. la seule issue. Rien ni personne ne peut nous aider.
Mais, en vérité, la personne qui puisse vraiment nous sauver, c’est nous-même. A condition de ne pas s’abandonner soi-même… En trouvant le courage de se cramponner à la vie. En demandant de l’aide a un psychothérapeute. Il nous tendra une une main… mais c’est à nous de nous y accrocher.
« il faut avoir traversé le désert glacial de l’idée même du suicide, pour pouvoir apprécier se supplément de vie que l’on s’accorde »
Comment tout commence ?
Il y a toujours, d’une façon ou d’une autre, un certain manque de confiance en soi. Un besoin d’être avec les autres. Souvent, la personne qui se suicide est décrite comme « quelqu’un qui a toujours été là pour les autres plus que pour lui-même« … et avait souvent tendance à s’oublier… ou à se « faire oublier »… en faisant passer les autres avant, en ne cherchant pas être considéré par les autres. Une personnalité plutôt introvertie, mais au fond en attente que l’autre vienne, en sincérité, en profondeur, juste pour dire à quel point on compte à ses yeux… cela peut-être issu d’un deuil non fait, ou d’une déchirure affective, quelqu’un nous manque… et ce manque empêche d’accéder à la plénitude…
Il y a donc souvent en trame de fond, un manque de reconnaissance, un besoin d’être pris en considération, une impossibilité d’exprimer ses sentiments…
Puis, un jour, un drame, une situation problématique grave et difficile, et la personne se retrouve seule pour faire face… et elle n’arrive pas à trouver dans ses ressources personnelles une solution a son problème. Amis… famille… personne ne semble pouvoir l’aider.
Lors d’une première crise, la personne éprouve un besoin de fuir la douleur. L’idée du suicide comme solution possible, traverse l’esprit. Cette idée peut très bien disparaître et ne plus jamais réapparaître. Il me semble que tout le monde connait cela une fois dans sa vie…
Si ça continue ?
Si les choses ne s’arrangent pas, les idées suicidaires peuvent réapparaître plus régulièrement. Alors, il se peut qu’elles prennent de plus en plus de place, elles reviennent de plus en plus souvent dans l’esprit… Elles sont présentes plus longtemps, et, petit à petit, elles finissent par faire partie du quotidien..
La personne peut en avoir parlé autour d’elle, sans avoir vraiment été entendue, prise au sérieux.. Il faut dire que ce genre de discours fait peur à celui qui l’écoute. La première réaction saine est la fuite, la non acceptation de cette idée ! c’est impossible d’aller dans son sens !
Alors l’isolement devient peu à peu total : on ne se confie plus. Comment dire à ceux qu’on aime que c’est cette vie que l’on n’arrive plus à supporter? et que l’on ne sait pas comment trouver la force de tout recommencer.. de repartir à zéro… et que de toute façon à quoi bon ??
Quand l’idée du suicide prend toute la place :
Les idées suicidaires sont alors continues, persistantes, et peuvent devenir obsessionnelles*. En même temps, ce questionnement intérieur fait peur. La personne se demande si elle n’est pas en train de devenir folle, ce qui augmente sa souffrance et son isolement. C’est la période de rumination. Les psychiatre proposent souvent des antidépresseurs… mais s’agit-il réellement d’un état dépressif* ? A ce stade, il se peut que la personne suicidaire rejette l’autre. Toute relation peut devenir source de conflit.
Il me semble essentiel à ce stade d’accompagner la personne vers un retour à la nature, de l’aider à sortir de son isolement et surtout de retrouver des bases saines dans ses repères quotidiens : être en présence profonde et sincère, sans forcément parler, partager des repas avec des personnes agréables, marcher en forêt, manger des fruits et des légumes crus (c’est à dire se nourrir du vivant !) et s’arranger pour être entourer d’enfants (en passant des moments dans les jardins publics, par exemple…). Ceci peut sembler anodin, mais n’est-ce pas des repères simples et des moments où il est possible de trouver la vie agréable qui est essentiel d’apporter ?
Si l’idée du suicide devient une idée fixe ?
Il s’agit de la période de Cristallisation
A ce stade, la personne en crise considère le suicide comme l’ultime solution à sa souffrance. Elle travaille alors à la période de Planification du suicide
« Lorsque l’état de la personne se détériore à ce point, la planification du suicide s’est précisée : le moyen, la date, le lieu et même l’heure peuvent être fixés. Durant cette période, la personne peut sembler très calme, car elle perçoit la planification de son suicide comme un apaisement, une issue, un répit. »
Plus le processus suicidaire avance, plus les autres solutions que le suicide semblent devenir caduques ou désuètes, jusqu’à ne laisser que le suicide comme unique solution pour enrayer la douleur et la souffrance.
Mais il est important de savoir que la personne suicidaire est ambivalente jusqu’à la fin. C’est elle qui détient entre ses mains son avenir. Il ne s’agit plus de l’état dépressif où la personne avait le sentiment de « subir sa vie »… elle est plutôt dans l’idée de « maitriser sa mort » !
« Il est plus difficile de vivre que de mourir »
Le passage à l’acte :
Une personne qui souhaite réellement mettre fin à ses jours n’en parlera à personne. Il ne s’agit pas de prendre le risque que l’on vienne l’empêcher de parvenir à ses fins !
Ce point est essentiel pour distinguer les personnes suicidaires des personnes en souffrance pathologique, manipulatrices, qui menacent de se suicider à chaque fois qu’il s’agit d’obtenir quelque chose d’une autre personne.
La peur de passer à l’acte subsiste jusque dans les derniers moments. Le suicide est réversible jusqu’à la dernière minute. Il n’est jamais trop tard pour intervenir.
Il n’est jamais trop tard pour choisir de revivre.
« Il faut du courage pour se suicider.. il en faut encore plus pour y renoncer. »
Ceux qui restent :
Il est très difficile d’accepter le suicide d’un proche. Nous sommes partagés entre la tristesse profonde de la perte, le sentiment de trahison de ne pas avoir été dans la confidence. Le sentiment d’impuissance de n’avoir pas pu être là, la culpabilité de n’avoir pas vu venir, de n’avoir pas su écouter, entendre, ou d’avoir minimisé la détresse de ce proche qui ne laissait rien paraître..
Il est nécessaire que les proches se soutiennent moralement et restent soudés entre eux.
L’idéal est de se regrouper pour partager les sentiments de chacun, ce qui permettra vraiment de se rendre compte que personne n’est fautif. Il me semble nécessaire de demander un soutient psychologique pour faire ce débriefing, et que chacun ensuite entame une psychothérapie personnelle, en particulier la personne qui à découvert le corps, et d’autant plus si il s’agit d’un enfant ou d’un adolescent.
« Plus la prise en charge psychologique se fera tôt,
moins le traumatisme aura d’impact. »
Oui… il faut être conscient que c‘est un traumatisme, au delà d’un simple deuil. Il ne s’agit pas d’une façon « naturelle » de mourir. Et même si l’on « sait » que cela existe, notre psychisme n’est pas capable d’intégrer que ça puisse arriver à une personne de notre entourage.
Le choc est toujours terrible. Chaque personne se trouve profondément changé après un événement aussi marquant. Les phrases comme « ce n’est pas possible… je n’arrive pas à y croire… » reviennent longtemps dans les esprits.
La prise en considération du traumatisme sera nécessaire pour permettre de faire pleinement le deuil de la personne. Et surtout, de garder un souvenir de quelqu’un dans son entière identité, et non de rester focalisé sur la façon dont s’est déroulé sa disparition.
A la mémoire de mes amis :
Laurent, Phillippe, Arnaud, David, Jean-Mo, Henry.
« La clarté ne naît pas de ce qu’on imagine le clair, mais de ce qu’on prend conscience de l’obscur… »
Carl Gustav Jung.
Le puits de jerome Boulbes par larduxfilms
Liens utiles :
La France: Infosuicide 01 45 39 40 00.
SOS Suicide: 0 825 120 364 SOS Amitié: 0 820 066 056
La Belgique: Centre de prévention du suicide 0800 32 123.
La Suisse: Stop Suicide
* On sait que dans l’état dépressif, les personnes font part de leur envie de se suicider. Mais souvent la maladie les rends trop faible pour passer à l’acte.
Dans les épisodes maniaco/dépressifs, le risque de passage à l’acte est réel et plus élevé dans les périodes marqués par la manie.
Pour en savoir plus sur
– les troubles bipolaires :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_bipolaire
– la dépression
http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9pression_(psychiatrie)
– l’obsession